mercredi 28 mars 2012

Viorne


Viburnum  lantana


Localisation de Colore ma ville ! : Jardin pédagogique.

Description :
Les viornes sont des arbrisseaux ou de petits arbres appartenant au genre Viburnum.
Ce sont des arbustes fréquemment plantés dans les jardins pour l'aspect décoratif de leurs fleurs et de leurs fruits, ces derniers étant souvent très appréciés par les oiseaux. On en compte entre 150 et 220 espèces dans le monde.
La viorne lantane possède des feuilles opposées caduques de 6-13 cm de long et 4-9 cm de large, ovales, finement dentées, à face inférieure duveteuse grise.
Les fleurs, blanc-crème de 5 mm forment en avril-juin des inflorescences en ombelles denses.
Les fruits de 8 mm de long sont des baies ovales rouges puis noires à maturité contenant une seule graine.
C'est une plante des bois clairs et des broussailles sur sol calcaire ne dépassant pas 1 600 m.

Parlons couleur : 
Toutes les plantes du genre viburnum contiennent d’importantes quantités de tanins condensés. Par décoction prolongée, les feuilles et les rameaux de ces plantes teignent en brun agréable et très solide.


Un peu d'histoire :
Le nom viburnum, également écrit viburna, désignait déjà la viorne chez les Romains. Il pourrait venir du verbe vieo (= lier, attacher, tresser), les rameaux de certaines espèces ayant souvent été utilisés pour la confection de liens grossiers. Les rejets, très rectilignes ont souvent été utilisés pour confectionner des fûts de flèches.

Selon le frère Marie-Victorin, les fruits du V. cassinoides, une espèce omniprésente au Québec, sont la nourriture principale des bandes de merles d'Amérique venant du nord qui traversent la vallée du Saint-Laurent vers la mi-octobre. Normalement plutôt portés sur les protéines animales, ces passereaux préfèrent, à l'automne, manger les baies qui leur fournissent les précieux hydrates de carbone dont ils ont impérativement besoin pour entreprendre leur voyage vers le sud.

Toutes les viornes peuvent constituer de belles haies de taille moyenne (de un à quatre mètres de haut selon les espèces) chargées de petits fruits rouges ou noirs qui peuvent servir de nourriture aux oiseaux migrants ou aux humains sédentaires ou encore rester accrochés aux arbustes et décorer joliment un coin du terrain.

V. prunifolium croît en Europe et aux États-Unis, tandis que V. edule et V. trifolium poussent chez nous. On pourrait probablement adapter V. prunifolium dans le sud du Québec étant donné que, aux États-Unis, il remonte jusqu'à la Nouvelle-Angleterre.

Propriétés chimiques et médicinales :
En Scandinavie, on faisait autrefois une sorte de bouillie avec de la farine, du miel et les fruits du V. opulus. On en a également distillé un alcool. Quoique plutôt âpre, le fruit du V. edule était et est encore un aliment important chez les Amérindiens. Chez certaines peuplades, on ne le cueillait traditionnellement qu'en plein hiver tandis que chez d'autres, on le ramassait en septembre pour le consommer sans délai ou encore le conserver jusqu'à ce qu'il s'attendrisse. On l'a également fait sécher. Une façon très courante de conserver les fruits frais, quelle que soit l'espèce, consistait à les recouvrir de graisse d'animal ou d'huile de poisson ou à les immerger dans l'eau. Dans certaines peuplades de l'Ouest, le fruit de la viorne était considéré comme un aliment prestigieux et seules les personnes de haut rang avaient le droit de le cueillir, dans des endroits dont ils avaient la jouissance exclusive, de par leur statut. Élément important des échanges commerciaux ou cadeau de grande valeur, ce petit fruit apparaît dans de nombreux mythes des Haida, une peuplade de la Colombie-Britannique, qui croyaient que c'était l'aliment de choix des êtres surnaturels. Les Carrier le mangeaient avec de la graisse d'ours, les Nishgale le faisaient bouillir et le mélangeaient ensuite avec de l'huile. Parfois, ils en faisaient une sorte de crème glacée, en le battant avec de l'huile de poisson-chandelle et de la neige. On le faisait également cuire dans la soupe. Dans l'Est, les Algonquins et les Abénakis consommaient le fruit de V. cassinoides les Iroquois, Saulteux, Micmacs et Malécites celui du V. lentago et du V. trilobum.
Aujourd'hui, on n'emploie plus guère le fruit de la viorne que dans les confitures et la gelée ou sous forme de jus ou de vin. Ce qui ne nous empêche pas, nous, de renouer avec une tradition fort ancienne, celle de la neige nappée de sirop.

Sédatif utérin et nervin, astringent, diurétique, l'écorce de la viorne à feuille de prunier, (V. prunifolium), contribue à soulager les règles douloureuses, à prévenir les accidents nerveux de la grossesse et les risques d'avortement, et à soulager les crampes musculaires. C'est la plante par idéal de la femme enceinte à risque de fausse couche. Sans danger, elle peut être prise à tout moment durant la grossesse, particulièrement en cas de saignements, de même que pour soulager les douleurs post-partum. Elle serait, en outre, fort utile pour les femmes tout juste ménopausées et pour soigner l'hypertension. On croit que l'écorce du V. trilobum et, vraisemblablement, celle du V. edule auraient sensiblement les mêmes propriétés. La première, en tout cas, était considérée comme officinale au Québec où elle avait assez d'importance pour que, en cas de pénurie, on cherche à la remplacer frauduleusement par l'écorce d'une espèce d'érable.
On en prépare une décoction à raison de 30 g d'écorce moulue par litre d'eau (ou 1 cuillerée à café par tasse) à faire bouillir une dizaine de minutes. Prendre 2 ou 3 tasses par jour.
Par voie externe, on a employé l'écorce réduite en poudre et incorporée à une crème neutre pour soulager les crampes musculaires ou la tension excessive aux épaules.
Les Tanaina et les Sechelt de la Colombie-Britannique employaient les fruits de V. edule : les premiers, pour soigner le rhume; les seconds, comme dépuratif et diurétique.
Par voie externe, on a fait, avec les fruits, un cataplasme contre les ulcères, l'érysipèle (maladie infectieuse et contagieuse de la peau) et les fièvres scarlatines malignes.



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